qu'en 858.24 Cette longue vacance, quoique non exceptionnelle sur le siège de Metz,25
mérite d'être expliquée, d'autant plus que cela peut permettre d'éclairer les raisons du choix
d'Advence.
Bien qu'Advence ait affirmé à plusieurs reprises par la suite la régularité de son élection,
expetitus a clero et electus a plebe, episcopus canonice consecratus,26 l'assentiment de
Lothaire était sans aucun doute nécessaire à son installation, tandis que Charles le Chauve,
qui songeait peut-être déjà à la succession de son cousin resté sans enfant légitime, ne pou¬
vait se désintéresser de l'avenir du siège de Metz. Compte tenu du rôle joué par Metz dans
la tradition familiale carolingienne27 et des personnalités de premier plan, gratifiées du pal¬
lium, ayant occupé ce siège auparavant,28 il est certain que de multiples pressions ont dû
s'exercer sur „le clergé et le peuple". Charles le Chauve pouvait souhaiter trouver quelqu'un
susceptible de poursuivre la politique de son oncle Drogon, telle qu'il la décrit dans une
lettre au pape Nicolas en 863/64: „notre très vénérable et très aimé oncle paternel Drogon,
qui, quoiqu'il ait vécu dans le royaume de notre frère Lothaire empereur après la mort de
notre père et seigneur, et que ce siège lui fut attribué dans son royaume, nous fut cependant
très lié par un amour incomparable et une fidélité inébranlable."29 Nous ne savons pas s'il y
24 Quand a commencé l'affaire du divorce, Advence n'était pas encore évêque: „J'ai eu connaissance des
premiers développements de la dite querelle, non par les yeux, mais par les oreilles, par la seule rela¬
tion de plusieurs personnes, puisqu'alors, je n'étais pas évêque", Sola quippe plurimorum relatione de
iam dicta querela, quae in primordiis gesta sit, aure non oculo percepi, quia episcopus non eram (lettre
8, p. 221, 1.4-5); Gesta episcoporum..., p. 541.
25 Une première vacance eut lieu entre 766 et 768, et une autre, plus longue, entre 791 et 816;
voir L. DUCHESNE, Fastes épiscopaux de l'ancienne Gaule, T. III, p. 57-58, Gesta episcoporum,
(note 15) p. 540-541.
26 Ici, lettre 5, p. 216, 1.24.
27 O. G. OEXLE, Die Karolinger... (note 23) p. 250-364, et particulièrement p. 345-361.
28 Charles le Chauve, dans une lettre au pape Nicolas 1er (M.G.H., Ep. IV, p. 233), s'exprime ainsi: „siège
qui mérita d'être honoré par le siège apostolique, à la demande de notre empereur Charles de divine
mémoire, de telle sorte qu'Engilrammus, le prédécesseur de celui-là, devint son archichapelain pen¬
dant longtemps et apocrisaire du siège apostolique dans ces régions, et qu'après, à la demande de
notre pieux et auguste seigneur et père de sainte mémoire, il fut honoré d'un gardien, en la personne
de notre dit oncle paternel le vénérable évêque Drogon et, avec le dit ministre, il avait reçu et de l'em¬
pereur et du saint siège, l'usage du pallium", sedes eius (...) quae postulatione avi nostri divae memo¬
riae Caroli imperatoris honorari ab apostolica sede meruit, ut Engilramnus, praedecessor istius, summus
capellanus eius et apocrisarius apostolicae sedis in istis regionibus aliquandiu fieret, et postea depreca¬
tione sanctae recordationis pii augusti domni et genitoris nostri excellenti genio a sede apostolica in
praefato patruo nostro Drogone venerando episcopo fuerat honorata, et una cum praedicto ministerio
et imperatoris et apostolicae sedis etiam usu pallii potiretur. A cette liste d'évêques de Metz honorés du
pallium et donc du titre personnel d'archevêque, il faut ajouter Chrodegang (742-766); OEXLE, Die
Karolinger..., p. 285-286. Sur les évêques de Metz, de Chrodegang à Advence, on peut se reporter à
DUCHESNE, Fastes épiscopaux op.cil. (note 25) T. 3, 1915, p. 48, ou encore à, Gallia Christiana...,
T. XIII, 1785, col. 705-718.
29 ibidem, p. 223: Unde, quoniam venrandus et amantissimus patruus noster Drogo, qui, licet in regno
fratris nostri Hlotharii quondam imperatoris post obitum domni et patris nostri deguisset, eo quod sedes
in partem regni ipsius devenerat, nobis tamen unice dulcissima dilectione et obnixa fidelitate coniunc-
tissimus fuit...
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