Full text: Lotharingia (26)

solennellement les armes qui en faisait un adulte; il n'avait alors que 14 ans.33 Point n'était 
besoin de se faire couronner une seconde fois, sauf s'il s'emparait d'un nouveau royaume, 
comme le dit Hincmar. Donc Charles ne considère pas qu'il agrandit sa part, mais il repro¬ 
duit le geste de Charlemagne conquérant la Lombardie et prenant le titre de roi des Lom¬ 
bards. 
Il ne se contenta pas de s'installer militairement dans le pays, il prit la couronne. Quelle 
couronne? Devenir roi d'un pays devrait s'accompagner de la réception des insignes royaux 
du pays, ce qui ne fut pas le cas. 
En outre Charles le Chauve reçut la couronne à Metz, qui n'était pas vraiment la capitale du 
pays, mais un lieu carolingien par excellence, à deux pas de l'église où reposaient son père 
Louis et son oncle Drogon. A Metz, en terre romanophone, il était loin d'une réaction pos¬ 
sible de son frère qu'on disait malade, et dont les fils bataillaient contre les Slaves. Puis il 
convoqua ses fidèles pour la Saint Martin à Gondreville, près de Toul, attendit encore avant 
d'aller à Aix, où il devait craindre des réactions. Il se sentait en sécurité dans la province de 
Trêves, mais ne voulait pas aller trop vite du côté du Rhin. C'est de Mayence et de Cologne 
que partit en effet la réaction. 
Louis le Germanique, attentif à tout ce qui se passait et bien informé, se manifesta enfin et 
réussit à mettre en place à Cologne un homme choisi par lui. Dans cette opération il avait 
autour de lui le prélat de Mayence et des grands de son entourage, face aux évêques des 
provinces de Trêves et de Reims.34 C'est en fait l'affrontement du groupe allemand et du 
groupe français. 
b. La Francia media déchirée 
870 fut la première année d'une longue série, marquée par les avatars du royaume de 
Lothaire. Les prétentions de Charles à l'héritage de Lothaire étaient doublement contestées: 
par son frère Louis le Germanique, de façon énergique, et par son neveu, Louis II roi d'Ita¬ 
lie et empereur, dont les intérêts furent défendus par des délégués du pape. Personne ne tint 
compte des réclamations du neveu, mais Charles dut composer avec son frère et accepter 
en août 870 l'annulation des décisions de Verdun et une redistribution du pays. Grosso 
modo, la moitié orientale était donnée à Louis, la moitié occidentale à Charles. Cependant 
Louis obtenait un couloir d'accès en direction de la France et de Langres de façon assez 
étonnante. Ce partage de Meersen est intéressant puisqu'il a permis d'avoir une description 
du royaume de Lothaire, mais il n'eut d'effet qu'un temps très court. 
En 876, Louis le Germanique mourut le 28 août et l'insatiable Charles le Chauve voulut 
récupérer la totalité du pays. Le titre impérial qu'il avait reçu l'année précédente ne lui suf¬ 
fisait pas. Il fut contré à Andernach par Louis le Jeune, fils de Louis le Germanique. Charles 
le Chauve n'était pas un foudre de guerre, c'était un homme du tapis vert comme on dirait 
aujourd'hui, pas un chef d'armée, ni un conquérant. Il était sur ce point beaucoup moins 
vaillant que son frère Louis le Germanique ou son neveu Louis le jeune. Il savait mieux con¬ 
vaincre les hommes, promettre, calculer. Et puis en 876, à 53 ans, il avait derrière lui une 
33 Quellen (cf. note 6) erster Teil, p. 366: corona regali caput insignivit. 
34 PARISOT, op. cit., p. 359. 
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