tagèrent l'empire des Francs. Il donnèrent à Charles les royaumes occidentaux, depuis
l'océan britannique jusqu'à la Meuse, à Louis les royaumes orientaux, savoir toute la Ger¬
manie jusqu'au Rhin et quelques cités avec les pays voisins au-delà du Rhin à cause de la
production du vin. Lothaire, qui était l'aîné et était appelé empereur, placé au milieu entre
les deux autres, obtint le royaume qui de son nom est appelé depuis lors royaume de
Lothaire, toute la Provence et tous les royaumes d'Italie avec la ville de Rome."4
Dans ce court exposé, qu'il faut bien évidemment rapporter à l'année 843, sont juxtaposées
deux notions, une ancienne et une nouvelle:
- l'ancienne c'est la mention des royaumes attribués aux uns et aux autres: on parle de
royaumes occidentaux, ou orientaux, pour aboutir au royaume de Lothaire,
- la nouvelle c'est la mention des fleuves qui séparent les parts: la Meuse, le Rhin.
Peter Classen, dans un article bien documenté et bien connu, a dressé les cartes des dif¬
férents partages du début du IXe siècle5; il y a fait figurer les palais royaux et les villae roya¬
les et on voit bien l'importante concentration de ceux-ci entre la Seine et le Rhin. C'est à
partir de ces régions, au coeur du royaume franc, là où résidaient les souverains du IXe
siècle, que s'effectuaient les partages.
Au moment où les partages se préparaient, deux royaumes étaient toujours et immédiate¬
ment distingués, comme on le voit dès 781 au temps de Charlemagne, l'Aquitaine et l'Italie,
qui avaient leur valeur propre, et qui déjà pouvaient se distinguer géographiquement en ce
que la première couvrait un espace au-delà de la Loire et la seconde l'espace au-delà des
Alpes. Un troisième espace original s'est rapidement distingué des autres, la Bavière, qui
n'était pas un royaume mais qui fut pourtant désigné comme tel. Ces grosses unités
demeurèrent fondamentales et étaient encore à la base du partage de Verdun.
Un premier changement intervint quand on songea à donner à Charles, le dernier né de
Louis le Pieux, un espace intermédiaire, entre la part orientale et la part occidentale. Ce fut
en 8296. Dès ce moment les anciens principes commencèrent à être bouleversés. On allait
abandonner la référence unique aux anciens royaumes, notamment les grandes régions de
Neustrie, Burgondie, Frise, sans oublier cependant les trois royaumes cités plus haut, et con¬
sidérer la structure de l'empire à une échelle plus petite, à celle des comtés. Déjà les parta¬
ges de 806 et 817 isolaient certains comtés limitrophes, les mentionnaient par leurs noms7.
Dès lors qu'on s'intéressait aux comtés, il devenait difficile de désigner par un nom particu¬
lier des ensembles qui n'avaient pas de réalité historique. C'est alors que les fleuves allaient
jouer un rôle important.
4 Reginonis abbatis Prumiensis Chronicon, cum continuatione treverensi (Scriptores rerum germanicarum
in usum scholarum), ed. F. Kurze, Hanovre, 1890, p.75.
5 Peter CLASSEN, Karl der Große und die Thronfolge im Frankenreich, Festschrift für Hermann Heimpel
zum 70. Geburtstag am 19. September 1971, Göttingen, III, p.109-134 (repris dans Peter CLASSEN,
Ausgewählte Aufsätze (Vorträge und Forschungen XXVIII), Sigmaringen 1983, p. 205-230).
6 Quellen zur karolingischen Reichsgeschichte, erster Teil, Thegani vita Hludowici, p. 234 : terram
Alamanicam et Redicam et partem aliquam Burgundiae.
7 Ce fut le cas pour les comtés d'Avallon et de Nevers et pour deux comtés de Bavière.
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