Le deuxième quart du XVIIe siècle apporte des changements assez fondamentaux :
la phase italienne commence à céder la place à la phase hollandaise ou plus exacte¬
ment, nord-européenne. Ces changements sont plus fortement visibles dans l’art des
fortifications, plus faiblement — dans l’urbanisme, ils englobent d’abord les régions
septentrionales, puis, méridionales. En Lituanie et en Prusse, dans l’entourage de la
ligne calviniste des RadziwiH liés sur le plan familial et politique avec les Hohenzol-
lern se forme avant le milieu du XVIIe siècle un milieu d’ingénieurs militaires, orientés
sur les réalisations des fortifications nord-européennes. Ce milieu était périodique¬
ment renforcé par de prestigieux fortificateurs tels que Adam Freytag12; parmi ceux
qui s’y formèrent citons Jôzef Naronowicz, auteur d’un traité manuscrit de fortifica¬
tion13 ainsi que Teofil Spinowski, praticien actif14.
Ce dernier transforma Sluck en Biélorussie, qui appartenait aux RadziwiR en une
grande forteresse : dans la ville que baignent de rivières, il remania les anciens quar¬
tiers et en projeta de nouveaux et entoura le tout d’un rempart régulier de terre, fermé
par une petite citadelle. Le plan de Sluck reflète nettement les réalisations de l’urba¬
nisme nord-européen, transmises peut-être par le truchement des projets suédois
d’agrandissement et de modernisation des villes prussiennes que Spinowski ne pouvait
ne pas connaître15.
Des systèmes de fortification nord-européenne étaient réalisés aussi à partir de vers
1630 dans le théâtre méridional des guerres par les ingénieurs des armées de la Cou¬
ronne. Les fondateurs des fortifications privées qui assumaient des fonctions militaires
supérieurs et dont relevaient ces ingénieurs, profitaient aussi souvent de leurs services.
L’un de ces investeurs fut Stanislaw Koniecpolski, un troisième en dehors de Za-
moyski et de Zôlkiewski, fameux général et propriétaire terrien. Dans sa ville de
Brody il fonda une citadelle pentagonale à bastions (Andrea del’Aqua, 1630—1633)
qu’il relia ensuite d’une manière extrêmement intéressante avec l’enceinte à bastions
de la ville, probablement jamais achevée. L’ensemble formait un système entièrement
symétrique et logique, proche des conceptions théoriques de Jacques Perret16. Les for¬
tifications de la ville, en terre, découlaient de modèles hollandais, et non italiens
comme la citadelle. Leur auteur avait sans doute été le Normand Guillaume le Vas¬
seur de Beuplan17, extrêmement actif comme fortificateur de nombreux châteaux et
villes qui, aujourd’hui, en ruine, inaccessible et médiocrement documentés, échappent
aux recherches.
De Beauplan et Friedrich Gettkant, ce dernier ne participait pas à la fortification
des villes privées18, ont commencé la séquence des ingénieurs non italiens au service
12 Polski Sfownik Biograficzny, op. tit., Vol. VII, Krakow, 1948, p. 135—136 (sub voce: Freytag
Adam).
13 Polski Sfownik Biograficzny, op. tit., Vol. 22, Krakow 1977, p. 546—548 (sub voce: Narons-
ki/Jözef).
14 S. Loza, Architekti i budowniczowie w Polsce. Warszawa, 1954, p. 288.
15 G. Eimer, Die Stadtplanung im Schwedischen Ostseereich 1600—1715. Stockholm, 1961,
p. 189—190, 192.
16 O. Sosnowski, Studium pierwotnego zak>zenial (586) i obwarowania (1630—1635) miasta
Brodöw (Biuletyn Historii Sztuki, Vol. 2, 1934), p. 247—252.
17 Z. Hornung, Na sladach dziafalnosci artystöw francuskich w Polsce (Teka Komisji Historii
Sztuki, Vol. 1, 1953), p. 250—251.
18 Polski Sk>wnik Geograficzny, op.cit., Vol. VII, Krakow, 1949—1958, p. 412 (sub voce:
Getkant/Gettkant/Fryderyk)
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