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l’esprit, acte pur
cept du devenir, caractère spécifique de la dialectique.
Le devenir est l’identification de l'être et du non-être,
puisque ce qui n’est pas devient l'être. Et Hegel part
du concept de l’être, être pur, absolument indéterminé,
qui est vraiment le moins qu’on puisse concevoir, et qu’on
ne saurait éviter de concevoir même en faisant complè¬
tement abstraction de tout contenu de la pensée. Mais
est-il possible de passer au concept du devenir et de dé¬
montrer que rien n’est et que tout devient, après avoir
mis en face du penser le concept de l’être que nous
venons d’exposer et l’avoir déterminé en se servant pour
cela précisément de sa qualité essentielle d’indétermi¬
nable ? Hegel l’affirme, car selon lui l’être comme tel est
inconcevable. Inconcevable comme complètement iden¬
tique, comme exclusivement identique à soi-même : on
ne saurait le concevoir, car en le supposant dépourvu de
tout contenu et absolument indéterminé, on le suppose
égal au néant, au non-être, à un être qui n’est pas ; et
l’être qui n'est pas devient.
Mais, a-t-on observé, si la qualité absolue d’indéterminé
fait vraiment de l’être le néant, l’unité de l'être et du non-
être, qui constitue le devenir, n’existe plus, et la contra¬
diction entre être et non-être, dont Hegel nous dit qu'elle
génère le concept du devenir, disparaît. Car si l'être est
dans un sens identique au non-être et dans l’autre en dif¬
fère complètement, nous aurons un être qui n’est pas non-
être et un non-être qui n’aura rien de l’être : l'unité de la
diversité qui est indispensable à la conception du devenir
disparaîtra elle aussi. L’être, en sa qualité d’être pur,
serait alors étranger au non-être en sa qualité de
non-être pur, et leur rencontre, d’où Hegel prétend que
la vie doit surgir, n’aurait pas lieu. Nous avons donc, en
somme, deux choses mortes devant nous, tellement mortes
qu’elles sont incapables de mouvement et ne peuvent courir
l’une vers l'autre.
18. Réforme de la dialectique hégélienne. — Outre cette
observation, bien d’autres ont été faites à ce sujet, véri¬
table crnx philosophorum plantée par Hegel, car chacun