UNITÉ DE L’ESPRIT
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mière question, nous répondrons que cette passion est un
des phénomènes qui forment le monde des objets que nous
pouvons penser, et que par conséquent la psychologie est
admissible (nous verrons plus tard à quel titre) ; mais nous
devons répondre immédiatement « non « à la seconde.
Si l’objet appartient à la réalité spirituelle, et si ce que
nous avons dit de la connaissance de cette réalité est exact,
il faut qu’il se résolve dans le sujet; ce qui signifie que ce
que nous considérons être l’activité d’autrui doit être la
nôtre propre, tandis que le savant, le psychologue ana¬
lysant, partant d’un point de vue empirique ou natura¬
liste, présuppose son objet comme distinct de l’activité
qui l’analyse et prétend se soustraire à cette loi. L’anthro¬
pologue qui se dédie à l’anthropologie criminelle n’a certai¬
nement aucune intention de devenirle criminel qu'il étudie,
et pourtant il devrait le faire pour que l'objet se fondît
avec le sujet. Nous voulons dire que la réalité qu’il étudie
n'appartient pas à la réalité spirituelle, qu'elle pourra en
avoir l’apparence, mais que dans son essence elle appartient
vraiment à la réalité qui défie l’analyse du psychologue.
Et toutes les fois que, psychologues empiriques, nous con¬
sidérons un côté quelconque de la réalité spirituelle à un
point de vue purement empirique, nous nous arrêtons
à la superficie du fait spirituel et nous en saisissons
certains caractères extrinsèques mais sans en pénétrer
l'essence.
7. Pour reconnaître l'esprit. — Pour découvrir la réalité
spirituelle il faut la chercher ; ce qui ne veut pas dire se
mettre en présence d’elle, mais travailler pour la trouver.
Et puisque pour la trouver il faut la chercher, et que la trou¬
ver veut dire la chercher, nous ne l'aurons jamais trouvée
et nous la chercherons toujours. Si nous voulons savoir ce
que nous sommes, nous devons penser et réfléchir sur ce que
nous sommes, et notre connaissance de nous-mêmes ne durera
qu’autant que la recherche, qu’autant que la construction
de l’objet. Lorsque cessant de chercher on croit avoir
trouvé, on n’a au contraire rien trouvé, on n’a plus rien !
Nolite indicare, dit l’Evangile : quand en effet vous