Full text: L' esprit, acte pur

SUBJECTIVITÉ DU RÉEL 
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consentement ou notre dissentiment. Les deux attitudes de 
consentement et de dissentiment ne sont pas en effet deux 
possibilités parallèles, dont l’une ou l’autre peut se 
réaliser indifféremment. Elles sont plutôt deux possibi¬ 
lités coordonnées et successives, l’une desquelles est un 
prélude indispensable à l’autre. La première phase est 
évidemment d’assentiment, d’approbation dans la con¬ 
naissance et l’on dit justement qu’avant de juger il faut 
comprendre : mais comprendre c’est déjà juger. La condi¬ 
tion fondamentale pour comprendre autrui est donc 
d’en pénétrer la réalité spirituelle, et la première adhésion 
spirituelle est la confiance indispensable à toute péné¬ 
tration, à toute compréhension de réalité morale et 
mentale. 
Il nous est impossible d’entrer en rapport avec une autre 
âme, d’en avoir la moindre intelligence ou même de rien 
percevoir de ce qui s'y accomplit, sans un assentiment 
préalable, sans l’union intime de notre activité pensante 
avec cette âme. Car tout rapport spirituel, toute commu¬ 
nication entre les réalités intérieures de deux hommes est 
essentiellement Unité. Et nous sentons cette unité profonde 
chaque fois que nous pouvons dire que nous comprenons 
notre prochain, c'est-à-dire chaque fois que, cessant d’être 
une simple intelligence, nous aimons. 
C’est qu’alors nous mettons en jeu non seulement l’ac¬ 
tivité abstraite, dite mentale, mais encore la bonne dis¬ 
position spirituelle, de ce que l’on a coutume d’appeler 
selon les circonstances : cœur, bonne volonté, charité, 
sympathie, chaleur de sentiments. 
Or, que signifie cette unité, cet assentiment, condition 
essentielle de tout rapport spirituel, de toute connais¬ 
sance de l’esprit, assentiment qui n’entre en aucune façon 
dans notre perception d’une pierre, par exemple, et qui 
diffère si complètement de la connaissance de la simple 
nature, qu’on désigne généralement sous le nom de nature 
matérielle ? Nous devons nous unir ainsi à l’âme que 
nous voulons connaître parce que sa réalité doit abso¬ 
lument coïncider avec celle de la nôtre, et nous ne pouvons 
la trouver en nous-même que comme notre propre subjec-
	        
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