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l’esprit, acte pur
Moi mais du non-Moi. De là le défaut et l’erreur de
Berkeley et la raison de son impuissance à résoudre le
problème posé : son idéalisme est empiriqu.
La conception transcendantale de la réalité de l'esprit
ne peut être que le résultat d’une considération ayant pour
objet non la pensée mais le penser ; l'acte qui s’accomplit
et non l'action accomplie. Or il est impossible de trouver
une position transcendante par rapport à cet acte
puisqu’il n’est autre que notre propre subjectivité, que
nous-mêmes en somme, et par conséquent ne peut abso¬
lument pas être objectivisé. La nouvelle position, le nouveau
point de vue d’où il nous faut partir consiste à admettre
Vactualité du Moi comme principe rendant impossible
de concevoir le Moi comme son propre objet. Il est bon de
noter dès maintenant que toute tentative ayant pour
but d’objectiviser le Moi, le penser, l’activité intérieure
qui forme notre spiritualité, devra nécessairement faillir
car elle ne pourra jamais saisir ce qu’elle s’efforce de con¬
tenir. Il nous faut en effet observer que pour que nous puis¬
sions définir comme objet déterminé de notre penser notre
activité pensante, il est indispensable que cette activité
elle-même soit le sujet et non l’objet de notre définition.
Nous pouvons donc conclure en disant que la vraie acti¬
vité pensante n’est pas celle que nous définissons mais le
penser même qui définit.
7. A dualité de tout fait spirituel. — Le concept ainsi ex¬
primé semble tout d’abord fort obscur, il est néanmoins
la base de toute vie spirituelle. Ce serait certainement se
rendre coupable d’un lieu commun que d’observer ici que,
toutes les fois que nous devons comprendre quelque chose
ayant une valeur spirituelle et qui mérite le nom de
fait spirituel, il nous faut regarder cet objet de notre
considération non comme opposé à nous qui cherchons
à le comprendre, mais au contraire comme s’identifiant
avec notre propre activité spirituelle. Qu’importe que nous
comprenions parfois des âmes avec lesquelles nous n’avons
aucun accord sérieux : notre compréhension peut s’effec¬
tuer soit que nous apportions à la chose comprise notre