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l’esprit, acte pur
il resterait quelque chose d’elle hors d’elle, et par consé¬
quent l’idéalisme cesserait d’être absolu.
2. Doctrine du savoir. — Un idéalisme aussi rigoureuse¬
ment conçu satisfait pleinement à la tâche que Fichte
assigne à la philosophie considérée comme doctrine du sa¬
voir : tâche que Hegel lui-même n’a pas réussi à accomplir
en présupposant à l’idée par soi l’idée en soi et l’idée hors
de soi, c’est-à-dire la logique et la nature. Logique et nature
qui, au dénouement final du drame cosmique, devraient
acquérir dans l’esprit la conscience de soi à laquelle elles
aspiraient, dont elles ont besoin, et qui doit par conséquent
être reconnue comme leur véritable essence. Cette média¬
tion du Moi de Fichte, introduite par Hegel pour éliminer
les difficultés auxquelles Fichte s’était heurté dans sa
conception abstraite d’un Moi incapable de générer en
lui-même le non-moi, ne parvient qu’à détruire, au lieu
de l’établir, la réalité absolue du Moi, qui ne sera plus
absolue si elle a une base puisqu’elle doit elle-même être
la base de tout. Le défaut de l’hégélisme consiste préci¬
sément à faire précéder le Moi par tout ce qui le présuppose.
Or si on cesse de présupposer le Moi à tout, on trahit la
méthode de l’immanence qui est la méthode propre de
l’idéalisme absolu (i), et l’on retourne à l’ancienne repré¬
sentation de la réalité en soi.
3. Principe de l’idéalisme actuel. — L’idéalisme que j’ap¬
pellerai actuel intervertit en effet le problème hégélien :
il ne s’agit plus pour lui de déduire de la nature la pensée,
et du logos la nature, mais de déduire du penser et la nature
et le logos ; de les déduire bien entendu du penser actuel,
et non de la pensée abstraitement définie ; du penser abso¬
lument nôtre dans lequel le Moi se réalise. Par cette inver¬
sion, la déduction, qui était impossible dans l’idéalisme
hégélien, devient une démonstration réelle que le penser
fait de lui-même dans l’histoire du monde : l’histoire elle-
même. La déduction hégélienne était impossible, car
(1) Voir le dernier chapitre de l’ouvrage de l’auteur intitulé Riforma, délia
dialettica hegeliana.