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l’esprit, acte pur
inintelligibles si ce n’est par rapport au corps qui les pro¬
jette, trois concepts s’imposent nécessairement :
Io la réalité du sujet, pur sujet ;
2° la réalité de l’objet, pur objet ;
3° la réalité de l’esprit, comme unité ou processus du
sujet, et immanence de l'objet au sujet.
14. Nécessité de l'objet. — Si le sujet n’existait pas, qui
est-ce qui penserait ? Et s’il n’y avait pas d’objet, à quoi
penserait celui qui pense ? Il est impossible de concevoir
le penser sans personnalité, parce que le penser (que le
concept qu’on veut poser, soit dogmatique ou sceptique)
est conceptus sui, c’est-à-dire Moi ; et partant non seule¬
ment activité mais activité qui se réfléchit sur elle-même
et se pose comme personne. Mais il est également impossible
de concevoir le penser sans terme, sans point d’appui,
parce que le concept de soi réalise en effet le Soi comme
objet de la connaissance. Le penser n’est donc concevable
qu’à la condition de concevoir identiquement le sujet et
l’objet, réel le premier et réel le second, puisque le penser
est réel, et que même rien n’est réel en dehors du penser.
15. Spiritualité de l’objet. — Toutefois le penser serait lui
aussi inconcevable, si le sujet, étant l’opposé de l’objet,
n’était en même temps l’objet, et réciproquement. Cette op¬
position est en effet inhérente au concept du penser comme
conceptus sui : l’opposition de soi à soi ; la différence,
« l’altérité » propre au Soi (incompréhensible si l’on cherche
à l’entendre par analogie avec d’autres espèces de relations)
ou au Moi, qui à vrai dire n’est pas différent mais se diffé¬
rencie, posant par conséquent sa propre identité à la base
de sa propre différence. En sorte que la thèse et l’anti¬
thèse qui concourent dans la réalité de l'autoconscience
(être et non-être sujet) trouvent dans leur synthèse la plus
complète réalité. Or cette synthèse n’est pas sujet et objet,
mais exclusivement sujet : sujet réel se réalisant dans le
processus par lequel l’idéalité du sujet pur et abstrait
et l’idéalité concomitante de l’objet pur et abstrait sont
surmontées. En tant que réalité concrète de l’autocon¬