Full text: L' esprit, acte pur

214 
l'esprit, acte pur 
pour une réalité qui prendrait racine dans l'esprit. D’autre 
part, peut-on même concevoir un intellect purement cognitif 
dont tout serait le présupposé ? En dehors du tout, il ne 
peut y avoir que le néant. 
10. Solution de l'antithèse. — Dans ce qui précède, nous 
ne faisons que résumer une fois de plus une longue démons¬ 
tration (retracée au cours de l’histoire millénaire de la 
philosophie), de l’inanité, de l’inadmissibilité d’un concept 
de l’esprit totalement ou partiellement théorique dans le 
sens qui oppose la théorie à la vie. Ce concept oppose en 
effet la vie qui est réalité naturelle ou spirituelle à la théorie 
qui n’est qu’une simple contemplation, étrangère à son pro¬ 
cessus et planant au-dessus du monde quand ce dernier 
touche à son crépuscule. Et nous ne savons plus concevoir la 
connaissance autrement que comme création de la réalité qui 
est la connaissance elle-même, hors de laquelle aucune réalité 
n’est concevable. Réalité — réalité spirituelle — que crée la 
volonté en se créant, que crée également l’intelligence en se 
créant, chacune de ces créations étant identique à l’autre. Car 
l’intelligence est volonté, et la volonté n’a rien (spéculative¬ 
ment et non empiriquement) qui la distingue de l’intelligence. 
11. Signification de la distinction entre la pratique et la 
théorie. — La théorie apparaît comme différente de la pra- 
tique, et la science comme différente de la vie, non que l'in¬ 
tellect ne soit pas volonté, ou que la volonté ne soit pas 
intellect, mais parce que le penser, l’acte vivant et réel de 
l’esprit, est considéré abstraitement par la théorie, tandis 
que dans la pratique il est concret. Selon un proverbe italien 
très connu, parler de mort et mourir sont deux choses bien 
différentes. Et de même l’idée d’une bonne action est une 
chose dont la bonne action diffère essentiellement. Mais la 
différence ne provient pas du fait que la première est une 
simple idée et l’autre une idée actuée ; elle vient de ce que 
l’une est une idée et l’autre est une autre idée, ou, si l’on pré¬ 
fère, l’une est une action et l’autre une autre action. Elle pro¬ 
vient exactement de ce que la première est une idée abstraite, 
l’autre une idée concrète. Avec la première, on pense en effet à 
l’idée qui est le contenu ou le résultat abstrait du penser, et
	        
Waiting...

Note to user

Dear user,

In response to current developments in the web technology used by the Goobi viewer, the software no longer supports your browser.

Please use one of the following browsers to display this page correctly.

Thank you.