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l’esprit, acte pur
22. Réponse. — Il est évident que cette base de l’esprit
ne peut pas être la nature, après tout ce qui a été dit pour
démontrer la valeur purement gnoséologique de la réalité
qu'on appelle nature. La nature en tant qu’espace et que
crnps, par exemple, est tout simplement une catégorie
abstraite du penser qui fait abstraction de sa propre infi¬
nité, racine de l'espace, et de sa propre éternité, racine
du temps. Et pour prendre un autre exemple, il est clair
que la nature, base de l’esprit, ne peut pas être la race
(autre concept naturaliste) que tant d'historiens et de
philosophes de l’histoire ont cru pouvoir prendre comme
principe d'explication historique des faits humains. Pour
s'en convaincre, il suffit de considérer que l’individualité
d’une race se réalise et se dessine dans l'histoire, qui n'est
donc pas l'activité spirituelle et conditionnée de la race,
mais la signification propre du concept de race qui doit
être affranchi de la vaine abstraction et de la vacuité fatale
d'une position naturalistique pour être transporté dans le
champ de la réalité spirituelle, là seulement où il peut
signifier quelque chose : dans le champ, dis-je, où il n’est
plus la race, mais l’histoire.
Voulez-vous, en général, essayer de concevoir une con¬
dition de l’esprit s'actuant en vous tandis et parce que
que vous êtes en train de concevoir cette condition ? La
condition doit avant tout, si vous réussissez à la conce¬
voir, être une réalité non conçue, c’est-à-dire n'entrant pas
dans la synthèse de votre pensée : c’est-à-dire qu'elle doit
être conçue comme n’étant pas conçue. Berkeley se mo¬
quera de vous, et nous répéterons que c’est là une simple
abstraction, dont la vie est dans la synthèse du penser.
23. Le Moi inconditionné et le conditionné. — Pour sortir
d’ mbarras il faut réfléchir que le Moi transcendantal
se pose comme empirique, et que comme tel il est condi¬
tionné. Et si par réalité nous ne voulons pas entendre
seulement ce qui est dans l’objet de l’expérience (expé¬
rience pure), il est certain que notre synthèse, selon laquelle
le Moi est absolument inconditionné, libre, et partant con¬
dition de tout, est une synthèse purement gnoséolo-