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l’esprit, acte pur
la nature elle-même conçue et hypostatisée en deçà
de la nature immédiate : c’est-à-dire l’opposé de la
pensée : contraire qui est toujours un pur fait puisqu’il
n’est pas pris par le processus de la pensée pendant
qu’il s’effectue. La condition de l’empirisme doit de son
côté se résoudre dans le conditionné, car une condition
qui, comme le veut l’empirisme, n’est pas le penser mais
en est le présupposé est tout simplement l’objet du penser
conditionné par l’activité du penser.
La condition métaphysique ne saurait déployer ni son
efficience ni sa productivité, car ce n’est pas elle qui est
productive, étant plutôt un simple produit du penser :
c’est une pensée qui suppose l’activité pensante qui la
réalise. Et l’empirisme de Hume a raison contre la méta¬
physique parce qu'il comprend plus profondément qu’elle
le point de vue de cette dernière. La métaphysique elle-
même oppose en effet la cause (la seule vraie cause qui est
Dieu pour les cartésiens aussi bien que pour les scolas¬
tiques) au penser qui la pense comme cause, et, cette
opposition étant donnée, il est impossible que la pensée
pénètre l’action de la cause comme il le faudrait pour
comprendre la façon dont s’effectue cette action, et par
conséquent pour apercevoir la nécessité du rapport par
lequel la cause se rattache à l’effet. Ceci est tellement vrai
que la critique empiriste du principe de causalité n'est que
la conscience profonde du scepticisme qui est implicitement
contenu dans l’intuition métaphysique transcendante.
Comme nous l’avons déjà indiqué (i), le penseur italien
Vico avait nié avant Hume la certitude de la connaissance
en ce qui concerne l’action de la cause naturelle, préci¬
sément parce que cette cause est objet de la pensée au
lieu d’être la pensée elle-même.
L’empiriste d’autre part, pour conserver à sa causalité
empirique un minimum de valeur logique, devrait garder
une certaine connexité entre la condition et le conditionné.
A défaut d'autre solution il croit que l’empirisme peut
légitimement maintenir le lien chronologique de la succes¬
sion, qui est l’ébauche d’une certaine synthèse et porte à
(i) p. 130,141.