l’espace et le temps
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et soit que l’âme réside dans le cœur, le cerveau, ou un point
du cerveau comme la glande pinéale où un philosophe tel
que Descartes a été capable de la localiser, l’âme s’ajoute
au nombre de toutes ces parties, et participe à leur multi¬
plicité qui, explicitement ou implicitement, est spatiale.
Et puisque les corps sont multiples, les âmes le sont aussi :
elles forment une compagnie d’âmes, encore que ce soit à
travers les corps, et constituent une multiplicité. Or cette
dernière n’est pas sans relation avec l’espace, puisque les
âmes sont distribuées sur la surface de la Terre, séparées
par des distances, et ont des rapports avec les diffé¬
rentes natures et les conditions des lieux au point d’en
subir l’influence dans leur formation. Aussi le naturalisme
sape-t-il de mille côtés la spiritualité de l'âme dualisti-
quement comprise.
Des considérations analogues peuvent se faire sur le
dualisme de Dieu et de la nature, car la dualité avec cette
dernière n’est possible que si elle s’assimile le premier
terme. En tout cas, l’erreur ne vient pas de la dualité, mais
de l’abstraction de la dualité, qui au fond ne se conçoit
qu’à la condition d’avoir l’unité pour base.