Full text: L' esprit, acte pur

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l’esprit, acte pur 
de nos actes gnoséologiques. L’intuition elle-même n’est 
compréhensible, comme nous l’avons vu, que comme un 
rapport nécessaire, qui est la synthèse a priori de l’élé¬ 
ment idéal, par lequel le sujet met en lumière le terme qui 
est l’objet de son intuition, avec cet autre élément qui est 
le sujet du jugement. Le véritable universel, ou la véri¬ 
table catégorie, est précisément ce qui ne peut faire que les 
fonctions de prédicat ; l’individu est ce qui ne peut faire 
que celle de sujet. 
La catégorie (selon la démonstration de Kant) est une 
fonction du sujet de-la connaissance (le sujet actuel), et 
l’individu, le contenu de l'intuition par laquelle le sujet 
de la connaissance sort de lui-même. Mais est-il possible 
de fixer le sujet de la connaissance, la catégorie, l’univer¬ 
salité ? Pour fixer une catégorie, il faut la définir et en 
concevoir une idée : la catégorie ainsi conçue devient le sujet 
d’un jugement, et cesse d’être attribut et acte du sujet 
de la connaissance. Ceci est tellement vrai que personne 
avant Kant n’avait jamais pensé à ces catégories dont tout 
le monde se servait, et que beaucoup ne réussissent pas en¬ 
core à s’expliquer clairement (i). Prenons, comme exemple, 
la catégorie dans son sens le plus primitif et aristotélicien 
de prédicat superlativement universel, qui ne peut abso¬ 
lument pas être sujet (2) : prenons le concept le plus uni¬ 
versel qui soit : Y être. Pourra-t-il être je ne dis pas pensé, 
mais simplement considéré par la pensée dans sa posi¬ 
tion d'universel qui ne peut tenir les fonctions du sujet ? 
Or le considérer signifie dire à soi-même : Y être est Y être ; 
c’est-à-dire l’affirmer, en le dédoublant intérieurement de 
sorte qu’il devient Y être sujet, et Y être prédicat. Or, par rap¬ 
port à ce dernier, le premier, qui seul a été véritablement 
fixé, n’est pas du tout universel, mais tout ce qu’il y a de 
(1) L’auteur a fait à ce sujet quelques observations dans son ouvrage sur 
Rosmini et Gioberti (publié par Nistri, Pise, 1898). 
(2) La catégorie aristotélicienne, en tant que prédicat superlativement uni¬ 
versel, ne diffère pas essentiellement de la catégorie kantienne, fonction' du 
jugement, pourvu que l’on entende le prédicat du jugement selon la logique 
d’Aristote, c’est-à-dire comme un universel qui imprègne de lui-même (en l’éclai¬ 
rant et le déterminant) le sujet, qui est toute la matière de la connaissance 
et que le penser vient ainsi à penser. En conséquence, le concept du prédi¬ 
cat est toujours, non une idée conçue mais un acte par lequel on pense un 
contenu déterminé.
	        
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