l’individu en qualité de moi 85
concevable s’il n’a rien qui lui vienne de l’intuition qui le
met en rapport avec le sujet. Le rapport en vertu duquel
l’objet est posé pour le sujet implique nécessairement
le concept de l’objet posé, non seulement pour le sujet
mais par le sujet. En conséquence, le concept du positif
non posé par le sujet apparaît intrinsèquement contra¬
dictoire.
5. Vanité de la thèse nominaliste. — D’autre part, nous
ne sommes pas parvenus à nous soustraire à l’exigence de
la raison, qui veut intégrer la pensée universelle (permet¬
tant de comprendre le particulier) avec le positif de l'indi¬
viduel. Les paragraphes qui précèdent démontrent simple¬
ment que le fait d’opposer l’individu à l’universel (après
avoir fait d’universel un synonyme de subjectif, entendant
par universel ce qui est posé par le sujet, et par individu
ce qui est posé pour le sujet) rend l’individu insaisissable
à l’intuition même. Ils portent à conclure que pour
devenir saisissable il doit perdre l’extrasubjectivité qui
est précisément l’essence de son individualité pure. Aussi
toutes les tentatives qui pourront être faites en ce sens
sur les traces du nominalisme sont-elles destinées à faillir.
6. Nouvelle position du problème de l’individu. — On
a voulu opposer l'individu à l’universel, et l’individu est
resté insaisissable, mais est-on parvenu à déterminer et à
posséder l’universel qu’on cherchait à intégrer ? L’idée de
l’universel ne s’est-elle pas évanouie tandis que les penseurs
s’essoufflaient à la poursuite du vain fantôme de l’individuel
qui devait précisément servir à lui conférer une réalité
effective ? Cette question doit être considérée avec pon¬
dération, car il serait bon de savoir s’il ne serait pas
opportun de cesser de courir en avant et en arrière pour
nous arrêter et saisir le véritable individu qui est en nous.
7. L’universel comme catégorie. — L’universel est l'attri¬
but que nous conférons au sujet du jugement, terme de
notre connaissance, dans la synthèse a priori qu'est chacun