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l'esprit, acte pur
20. Sujet posant le positif et sujet pour qui le positif est
posé. — Le positif posé par nous ne peut se montrer tel
qu'autant que nous nous opposons à nous-mêmes.
Un fait est historiquement positif en tant qu’œuvre
d’autrui, ou bien, s’il est le résultat de notre activité, le sujet
de celle-ci est un nous qui s’est posé dans ce fait et ne sau¬
rait être détruit. Si nous considérons en effet l’identité
entre le nous, sujet d’une action passée, et le nous sujet ac¬
tuel — au lieu d’en considérer la distinction, — le fait cesse
aussitôt d’être positif. C’est ce qui advient du reste lorsque
nous nous repentons d’une action morale que nous rou¬
gissons d’avoir commise, et expions ce que nous avons fait.
Nous détruisons alors moralement le fait, défaisant en
même temps le nous que nous fûmes en agissant de la
sorte, et le fait cesse aussitôt d’être réel (moralement par¬
lant), comme cesse de l’être une tache détachée.
En conclusion, il semble que le sujet ne se trouve en face
du positif que lorsqu’il se trouve en face d'une réalité
réalisée qui n’est pas son œuvre : ce qui constitue préci¬
sément l'individu.
Mais un tel positif est-il véritablement concevable ?